Le fondateur de l’entreprise, Pietro LORETTI, a quitté en fin du 19e siècle son village de Pizzanco, dans la vallée de Bognanco (province de Verbano-Cusio-Ossola) pour exercer le métier de vitrier à Genève dans l’entreprise L. Compagnon et Fils. Après quelques années de labeur, il rachète la société Taffi & Cie pour fonder en 1903, la vitrerie, miroiterie, stores et encadrements Pierre Loretti.
Nous pensons que notre arrière-grand-père a participé à la grande vague d’assainissement et à la modernisation de la Ville de Genève. Il a donc probablement participé à la reconstruction du quartier situé entre la rue des Allemands et la rue du Rhône et bâti avec d’autres collègues, une des seules galeries vitrées de Genève, le Passage des Lions.
Même s’il n’avait pas manié le couteau à mastic sur cette verrière conçue par l’architecte Adrien Peyrot, le lien avec ses arrière-petits-fils, Didier Badan et Bernard Erny, est fort. Il a sué sur cette verrière durant l’été 1908, pour terminer à temps (Journal de Genève du 9 septembre 1908), et réfléchi à diverses solutions techniques. Nous avons réfléchi à l’identique pour réaliser cette remise en état, en 2014, dans l’esprit des bâtisseurs du début du XXe siècle.
En 1908, que de discours et de commentaires dithyrambiques ont dû être prononcés à la vue de cet ouvrage exceptionnel composé d’une fine armature métallique, recouverte de verre à vitre de l’époque, reconnaissable à sa transparence déformante. Verre qui ne pouvait pas résister à de large portée en toiture, raison pour laquelle les travées du corps central ne mesuraient qu’une quarantaine de centimètres.
Le développement des techniques de fabrication du verre a eu assez rapidement des effets notoires sur l’aspect général de la verrière. Vraisemblablement à l’occasion d’une réfection importante, une traverse sur deux a été supprimée et les huit petits verres à vitres transparents, posés en tuile, remplacés par deux verres translucides martelés de 6 mm d’une largeur de quatre-vingts centimètres. Les verres martelés ont été changés au gré des casses par le verre de sécurité ancestral pour les portes, cages d’escalier, marquises et toitures vitrées, le verre armé.
La grêle d’août 1986 a eu raison des derniers verres martelés qui ont été remplacés par du verre armé.
Le seul verre d’origine, rescapé après plus de cent ans, a été celui des parois verticales. Toutefois, des impératifs de sécurité ont nécessité sont remplacement par un verre feuilleté d’aspect similaire.
Aujourd’hui, la verrière du Passage des Lions doit fortement ressembler à son état de 1908. Nous sommes fiers d’avoir pu participer à cette renaissance.